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10 juin 1944
Envoyé par Kalimèra 
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10 juin 1944 il y a seize années
Oradour sur Glanes


Le général Lammerding envoie un détachement de la division SS « Das Reich » détruire Oradour-sur-Glane, un petit village près de Limoges. Toute la population est rassemblée sur la place du marché sous prétexte d'une vérification d'identité. Les hommes sont enfermés dans des granges, les femmes et les enfants sont conduits dans l'église. Les SS mettent le feu aux bâtiments et 642 habitants (dont 246 femmes et 207 enfants) trouvent la mort. De retour du front est où les exactions étaient monnaie courante, la division"Das Reich" avait déjà commis un massacre la veille à Tulle.


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Antoine de Saint Exupéry
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Re: 10 juin 1944 il y a seize années
Symbole de la brutalité de l’occupation nazie, le destin tragique d’Oradour-sur-Glane fut scellé le 10 juin 1944 par la division SS « Das Reich ». En quelques heures, cette bourgade du Limousin est transformée en brasier et ses occupants massacrés « pour l’exemple ». 642 personnes périssent dans cette opération qui utilise des méthodes éprouvées sur le front de l’est.
10 juin 1944, 14 heures
Le 10 juin 1944, malgré l’occupation allemande, la vie suit normalement son cours dans le village d’Oradour-sur-Glane. De nombreuses personnes travaillent à Limoges, qui est reliée au village par un tramway. Bien qu’elle abrite de nombreux Républicains espagnols, Oradour n’est pas directement sur le terrain d’action de la Résistance. Pourtant, depuis l’annonce du débarquement en Normandie quatre jours plus tôt, celle-ci multiplie les actions dans la région pour retarder les troupes allemandes qui remontent vers le nord.

A 14h environ, un détachement de la division « Das Reich » encercle soudainement et très méthodiquement le village. Environ 150 SS forment un cordon très serré à quelques pas des maisons. Toute fuite est impossible et, hormis quelques jeunes hommes qui cherchent à échapper au STO, les habitants obéissent spontanément : ils n’ont de toute manière rien à se reprocher. En quelques minutes, hommes, femmes, enfants et vieillards sont rassemblés sur la place du Champ-de-Foire. Ne pouvant imaginer ce qui les attend, ils n’opposent aucune résistance.
Une division familière des exactions
Face à eux, il ne s’agit de soldats de la Wehrmacht mais de la deuxième division SS Das Reich. Après le désastre allemand à la bataille de Koursk, elle se repose et se reconstitue à Montauban. Parallèlement, elle a pour mission la « pacification » du centre de la France. Formée sur le Front de l’est, ayant participé aux Einsatzgruppen, cette division est rompue à la guerre totale. En effet, la mission des groupes spéciaux à l’Est était, derrière le front, de « nettoyer » le terrain. Ceci se traduisait par des meurtres de masse qui visaient les juifs, bolcheviques et autres partisans mais qui pouvaient aussi frapper sans distinction.

En France, la politique hitlérienne n’a jamais atteint une violence aussi extrême. Cependant, le débarquement en Normandie et les actions des Résistants plongent les armées nazies dans un climat d’urgence. Il semblerait que la division Das Reich ait obtenu carte blanche pour rétablir l’ordre et remonter au plus vite sur le front normand. Elle décide alors de mettre en place des techniques éprouvées en Russie. Depuis le mois de mai 1944, ses actions contre les résistants se sont soldées par quelques massacres. Le 9 juin, la violence monte d’un cran à Tulle lorsque la division arrête tous les hommes et décide d’en pendre 99 aux balcons et réverbères de la ville et d’en déporter 149. Mais c’est à Oradour-sur-Glane que la violence atteint son paroxysme.
Un village entièrement rasé
Sur la place du Champ-de-Foire, les SS séparent les hommes des femmes et les enfants. Avec les premiers, ils forment plusieurs groupes qu’ils placent dans six différents bâtiments du village. Les 207 enfants et 248 femmes sont quant à eux entassés dans l’église. Vers 16h, tous les hommes sont abattus en même temps. Afin que les corps ne soient pas reconnus, les nazis incendient les bâtiments. Environ une heure plus tard, des allemands pénètrent dans l’Eglise pour déposer une caisse d’explosifs qui en brûlant ajoute une épaisse fumée asphyxiante à la détonation. L’église est ensuite mitraillée de l’extérieur avant qu’un produit inflammable ne soit répandu et la voûte dynamitée. Celle-ci, en retombant, ne laisse aucune chance aux occupants.

De ce massacre, une seule femme en réchappe après s’être faufilée par un vitrail et avoir survécu à un mitraillage. Son témoignage sera par la suite capital. Quelques hommes, feignant la mort, en ressortent également vivants, ainsi que quelques personnes qui s’étaient cachées et notamment un enfant. Son père lui avait appris à se cacher dès qu’il voyait des soldats allemands.

Les SS mettent ensuite le feu au village et restent en poste jusqu’au début de la nuit. Le tramway revenant de Limoges aux environs de 19h30 est par contre épargné. Ses occupants sont contrôlés avec rigueur, ils ne peuvent rentrer dans le village mais ils ne subissent pas de violence particulière.
Oradour-sur-Glane, triste précurseur des conflits mémoriels
Dès la Libération, Oradour-sur-Glane devient un symbole de la barbarie nazie. Le 5 mars 1945, le général de Gaulle visite les ruines. Classé Monument historique, muni d’enceintes, le village est maintenu tel quel pour rendre compte de ce triste épisode. La conservation du village paraît d’autant plus nécessaire aux survivants que les corps des victimes ont été calcinés afin de ne pas être reconnaissables et ainsi d’empêcher le deuil des familles.

Celles-ci réclament par ailleurs que justice soit rendue. Après une longue instruction, le procès des accusés débute le 12 janvier 1953 à Bordeaux. Mais celui-ci montre rapidement ses limites : sur 150 à 160 soldats présents sur les lieux du crime, 65 sont poursuivis mais seulement 21 comparaissent, parmi lesquels ne figure aucun officier. De surcroît, 14 Alsaciens dont 13 « Malgré-nous » sont sur le banc des accusés. Tandis que le Limousin a longuement attendu et fait pression pour obtenir ce procès, l’Alsace défend ses enfants incorporés contre leur gré dans la SS. La région ayant été réintégrée à l’Allemagne en 1940, les jeunes devaient à partir de 1942 y faire leur service militaire. Cette mesure avait alors été très douloureusement ressentie en Alsace. Depuis la Libération, celle-ci demande d’ailleurs reconnaissance et indemnités. Admettre que des Alsaciens soient condamnés au même titre que les Allemands lui paraît donc inconcevable. En face, les Limousins refusent de voir les bourreaux transformés en victimes et arguent que, Allemands ou Alsaciens, les coupables doivent être condamnés.

Lorsque le verdict tombe, hormis les condamnations par contumace, seulement deux Allemands présents se voient infliger la peine capitale. La plupart des Français sont condamnés à la perpétuité, ce qui provoque la colère de l’Alsace. Finalement, au nom de l’unité nationale, le Parlement vote l’amnistie des Malgré-nous le 19 février. Cette mesure provoque un fort ressentiment dans le Limousin. En signe de protestation, les habitants d’Oradour-sur-Glane refusent que les cendres des victimes soient placées dans le Mémorial construit par l’Etat. Pendant un mois, le procès aura pris une valeur très politique, dans laquelle les deux régions, chacune revendiquant son statut de « victime ». Finalement, aucune condamnation à la peine capitale ne sera suivie d’effet et les détenus allemands seront libérés en 1959.


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