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L'histoire du Lebel
Envoyé par Kalimèra 
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L'histoire du Lebel il y a seize années


Lebel

Présentation

Conception, entrée en service et production du Lebel

L'histoire du fusil Lebel commence au début des années 1880. A cette époque, des ingénieurs français planchaient sur la conception d'un remplaçant pour les vieux fusils Gras. En 1885, ils étaient arrivés à une nouvelle arme, le Mle 1885, qui n'avait rien de révolutionnaire en elle meme, mais qui marquait certaines avancées par rapport au Gras. Cependant, deux événements changèrent radicalement la donne : en 1885, le général Boulanger accéda au poste de ministre de la Guerre, et l'année suivante l'ingénieur Paul Vieille inventa la poudre "B", qui ne dégageait pas de fumée.

L'arrivée du général Boulanger marqua dans un premier temps une accélération effrennée de la conception du futur Lebel. En effet, celui ci envisageait une guerre à court terme avec l'Allemagne pour laver l'affront de 1870 et pour ce faire, il était nécessaire que le nouveau fusil soit disponible très vite et en grandes quantités. Il exigea donc que le prototype final lui soit présenté pour le 1er mai 1886. Les ingénieurs français s'empressèrent donc de modifier leur Mle 1885, l'adaptant à une nouvelle munition, le 8mm, qui comportait bien sûr la nouvelle poudre. La phase finale de la conception de l'arme fut donc assez expéditive.

A peine leur fusil réalisé, il fut adopté par l'armée française sous le nom de Mle 1886 Lebel, en référence au colonel Nicolas Lebel, chef des essais de tir de cette arme et qui avait par ce biais pris part à sa conception. Une fois entré en service les manufactures d'armes de Saint Etienne, de Chatellerault et de Tulle furent toutes trois mises à disposition pour en produire autant que possible. Il s'agissait toujours de réarmer au plus vite les troupes françaises dans l'optique d'une guerre imminente, sans trop se soucier pour le moment des éventuels défauts de la nouvelle arme. On considère ainsi que sur certaines périodes, le volume de production des fusils Lebel était de l'ordre de cinq à la minute, toutes manufactures confondues. Au total, on estime que plus de 3.5 millions de Lebel ont été produits.

Utilisation

Les premiers engagements que connut le fusil Lebel eurent lieu dans l'Empire colonial français. Il fut en effet employé en Afrique Noire dans différentes escarmouches, puis lors de la guerre des Boxers en Chine. Mais pendant que les manufactures françaises tournaient à plein régime sans trop se poser de questions, la firme allemande Mauser développait sa propre arme, qui entra en service en 1898 sous la dénomination de Mauser 98. Si bien qu'au moment du déclenchement de la première guerre mondiale ce dernier, équipait les troupes allemandes alors que les soldats français disposaient encore tous de leurs vieux Mle 1886.

Les ingénieurs français recommencèrent donc dès 1914 à plancher sur une possibilité de remplacement, mais en attendant, le Lebel équipait la totalité des troupes lors des premiers mois de la guerre. A cette occasion, il devint l'arme symbolique des Poilus, qui le surnommaient parfois "La Belle". Il fut par ailleurs utilisé jusqu'à la fin du conflit, du fait de l'énorme quantité de fusils dont disposait l'armée française. Globalement le Lebel était assez populaire parmi les soldats, malgré qu'il ne soit pas particulièrement adapté au combat de tranchées.

Après la guerre mondiale, le nombre de Lebel présents dans les arsenaux français décrut très rapidement, remplacé par les différents modèles de fusils Berthier notamment. On en retrouvera cependant quelques exemplaires parmi les troupes non combarrtantes françaises jusqu'au début des années cinquante. Il réapparut également lors de la seconde guerre mondiale aux mains de certains résistants français qui manquaient cruellement d'armes légères. Durant la guerre d'Algérie un certain nombre de Lebel furent aussi distribués aux Harkis, les soldats algériens fidèles à la France.

Description

Mode de fonctionnement

Le Lebel est un fusil à répétition à culasse mobile. Son rechargement est donc manuel, c'est à dire que pour armer le fusil, il faut lever la poignée d'armement, ce qui fait tourner le verrou, puis l'amener vers l'arrière. Une cartouche venant du chargeur se place alors dans l'espace ainsi créé, et il suffit de repousser la poignée d'armement et de remettre le verrou dans sa position initiale pour charger le fusil (la cartouche est poussée dans la chambre) et l'armer (le ressort du percuteur est tendu lors de cette dernière opération, le fusil est prêt à tirer). Puis une pression sur la détente vient libérer le ressort du percuteur placé dans le verrou ; la tige du percuteur frappe alors l'arrière de la cartouche, provoquant l'explosion de sa charge de poudre et l'éjection de son ogive. A noter que globalement le Lebel était une arme fiable, même si elle avait tendance à ingérer les impuretés du champ de bataille.

Mode d'alimentation

La grande particularité du Lebel par rapport aux autres armes de son époque est son mode d'alimentation. Contrairement au Mauser 98 par exemple, qui dispose d'un chargeur droit, le Lebel est doté d'un chargeur tubulaire, c'est à dire que les cartouches viennent s'intégrer les unes derrière les autres dans une longue cavité cylindrique placée dans le garde main. Ce principe permet ainsi une capacité assez importante, puisque le Lebel pouvait recevoir 8 cartouches, contre 5 pour la plupart de ses concurrents, mais c'est bien là sa seule qualité.

Il posait en effet différents problèmes récurrents et assez handicapents. Le premier était le temps de rechargement très important et le caractère fastidieux inhérents à ce mode d'alimentation. En effet, les cartouches devaient être introduites manuellement une à une dans le chargeur, là où beaucoup d'autres fusils utilisaient des clips de 5 munitions, qui étaient insérés très rapidement et très facilement dans le chargeur droit.

De plus, les cartouches étaient placées les unes derrière les autres, ce qui induisait que les ogives des unes venaient appuyer assez fortement contre les culots des autres. Cela pouvait aboutir à une déformation des munitions, et à une usure excessive du ressort placé au bout du chargeur qui poussait les cartouches vers le centre de l'arme et la boîte de culasse. En effet, la longueur du garde main induisait que ce ressort devait être très long, et il était donc fortement malmené quand le chargeur était rempli.

Enfin, ce mode d'alimentation nécessitait la présence d'une pièce mécanique supplémentaire, un auget, chargée de faire monter les munitions arrivant du chargeur vers la boîte de culasse. Cette particularité introduisait une possibilité supplémentaire de problème technique par rapport au fonctionnement simple des armes à chargeur droit.

Pour des photos de ce mécanisme, voir la fiche technique.

La munition de 8mm

Comme nous l'avons vu dans la présentation, la munition de 8mm n'était pas celle qui devait initialement équiper les Lebel. A l'origine, le Mle 1885 avait été dessiné pour une munition de 11mm. Le passage à une cartouche moins large aurait logiquement nécessité un redessinage du chargeur tubulaire des Mle 1885, mais compte tenu des délais très serrés, ce ne fut pas le cas, et les ingénieurs conservèrent une munition ayant un culot de 11mm de diamètre, intégrant seulement une ogive de 8mm dans ces cartouches. Ce drôle de montage donne ainsi une forme assez caractéristique et arrondie aux munitions de Lebel.

En dehors de ça, la cartouche de 8x50mm est une munition correcte du point de vue de ses performances, notamment vis à vis des anciennes munitions à poudre noire. En plus de la disparition de l'épais nuage de fumée qui accompagnait ces dernière, la nouvelle poudre permet une puissance beaucoup plus importante de par une combustion améliorée. Ainsi, les cartouches à balle perforante Mle 1886 ont une vitesse initiale de l'odre de 840 mètres par seconde, ce qui constitue une avancée impressionante par rapport aux 350 mètres par seconde des munitions de 11mm à poudre noire. De ce point de vue là, le Lebel est donc une arme tout à fait novatrice pour son époque.

Organes de visée et tir de précision

Le Lebel dispose d'un guidon et d'une hausse rabattable. Celle ci a la particularité intéressante de pouvoir être utilisée aussi bien en position horizontale que verticale. Ainsi, pour les distances se situant entre 10 et 400 mètres, la hausse est rabattue, alors que pour la visée à très longue distance, elle peut être relevée verticalement. En effet, la longueur imposante du canon du Lebel, et la grande vitesse de sa balle en sortie de canon lui offrent une portée considérable. Certains se sont même vus greffer des lunettes de grossissement durant la première guerre mondiale, afin d'abattre les servants de mitrailleuses ennemis.

Autres détails techniques

Une autre particularité des Lebel, moins appréciable, est l'absence de toute forme de sécurité permettant de bloquer le verrou ou la détente. Il était en effet théoriquement recommandé que les soldats ne se déplacent pas avec une cartouche engagée dans la chambre, d'où l'inutilité d'une sûreté, bien qu'en pratique elle aurait été très utile.

Comme la plupart des armes de son époque, le Lebel dispose d'une longue baïonnette éfilée, dîte baïonnette-épée. Elle était conçue pour les charges d'infanterie et venait se greffer sur un porte baïonnette placé sour la bouche du canon.

Conception extérieure et dessin de l'arme

Du point de vue de son design extérieure, le fusil Lebel différents aspects hérités des fusils du XIXè siècle. En premier lieu, il s'agit d'une arme d'une longueur imposante, ce qui lui offrait une bonne précision mais qui pouvait aussi être assez handicapent, notamment dans les espaces confinés qu'étaient les tranchées de la première guerre mondiale.

De plus, on remarque que son canon est visible sur toutes sa longueur, alors que la plupart de ses contemporains en 1914 l'intégraient entièrement dans le garde main (Mauser, Lee Enfield n°III). Il s'agit là encore d'une survivance des concepts du XIXè siècle. Toujours du point de vue du dessin de l'arme, on remarque que le Lebel dispose d'une crosse classique, alors que les premiers modèles de crosses équipés de "demi poignée pistolet" (l'endroit où se plaçait la main pressant la détente étant dessiné pour être plus facile à prendre en main) étaient déjà disponibles.


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